Y a-t-il un lien entre consommation de drogue et schizophrénie ?

Le cannabis est régulièrement présenté comme un facteur favorisant la survenue de la schizophrénie. Qu'en est-il vraiment ? Les réponses du Dr David Masson, psychiatre.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Y a-t-il un lien entre consommation de drogue et schizophrénie ?
Y a-t-il un lien entre consommation de drogue et schizophrénie ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

La consommation de drogue, et plus particulièrement celle du cannabis, joue-t-elle un rôle dans l'apparition et dans le développement de troubles psychiatriques, comme la schizophrénie ? D'après une étude danoise publiée en mai 2023 dans la revue Psychological Medicine, de nombreux cas de schizophrénie auraient pu être évités si les personnes touchées, et particulièrement les jeunes hommes, n'avaient pas consommé de cannabis de manière intensive.

Le cannabis n'est pas forcément synonyme de schizophrénie

En analysant les données de santé de près de sept millions de Danois, âgés de 16 à 49 ans entre 1972 et 2021, les chercheurs ont observé une corrélation entre les troubles psychiatriques causés par la consommation de cannabis et le développement de la schizophrénie chez les hommes et les femmes.

"Un produit psychoactif seul ne peut pas déclencher une maladie", tempère le Dr David Masson, psychiatre au sein du Centre Psychothérapique de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il peut toutefois le favoriser, à condition qu'il y ait déjà une "présence de vulnérabilité" chez la personne concernée. 

La plupart des usagers de cannabis ne développeront pas de schizophrénie, indique la plateforme Drogues Info Service. "En revanche, chez les personnes fragiles au niveau psychique, souffrant de troubles de l’humeur ou de troubles anxieux, la consommation de cannabis serait un des facteurs qui favorisent la survenue d’une schizophrénie."

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Quels sont les facteurs favorisant la schizophrénie ?

Il est également possible de développer une schizophrénie sans avoir consommé de la drogue. Le Dr David Masson précise qu'il existe néanmoins des facteurs de stress, favorisant la survenue de la schizophrénie. "Le cannabis, notamment le THC, la substance responsable des effets psychoactifs du cannabis, est bien connu pour en être un", poursuit-il. Le risque de développer une schizophrénie "augmenterait avec les quantités consommées", abonde Drogues Info Service. "Il serait ainsi multiplié par quatre pour un consommateur régulier. L’usage avant l’âge de 15 ans, alors que le cerveau est encore en cours de développement, serait un facteur de risque supplémentaire."

David Masson cible plutôt les facteurs environnementaux pour expliquer le développement de la schizophrénie. "Les abus dans l'enfance, les cas de maltraitances ou de harcèlement sont des facteurs de risque de déclencher ce type de maladie sur un terrain de vulnérabilité", développe le psychiatre. Des troubles psychiatriques préexistants peuvent également favoriser le développement de la schizophrénie en cas de consommation de cannabis.

Chez les personnes concernées, la drogue "souvent utilisée comme automédication pour calmer les angoisses, a cependant toujours des conséquences négatives sur l’évolution du trouble : accélération de l’apparition des symptômes, augmentation de l’intensité des crises et rechutes plus fréquentes", précise la plateforme Drogues Info Service.

Quels sont les liens entre alimentation et schizophrénie ?

"Il y a des pistes intéressantes sur la question de l'équilibre du microbiote, pas uniquement dans la schizophrénie, mais aussi dans les troubles de l'humeur, notamment la dépression", détaille le Dr David Masson. Le lien entre alimentation et schizophrénie est particulièrement prégnant lorsque la maladie est déjà présente. 

Plutôt que d'associer directement l'alimentation avec le développement de troubles psychiatriques, le spécialiste préfère lier les traitements utilisés pour freiner la maladie avec des troubles de l'alimentation. "Les traitements peuvent par exemple augmenter l'appétence au sucré et limiter le niveau de satiété. Il y a souvent comme effets indésirables une prise de poids, notamment en début de traitement", précise-t-il. Pour éviter les mauvaises surprises alimentaires, "il est important de réaliser un travail de prévention lorsqu'on commence un traitement contre la schizophrénie", conclut David Masson.