Décès et agression dans le plus grand Ehpad public parisien : ce que l'on sait

Une enquête a été ouverte pour éclaircir "l'éventuelle responsabilité" du plus grand Ehpad public de Paris dans la mort de l'une de ses résidentes, âgée de 76 ans et violemment agressée.

Alexis Llanos avec AFP
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La victime était une résidente de l'Ehpad Alquier-Debrousse
La victime était une résidente de l'Ehpad Alquier-Debrousse  —  Capture d'écran - Google Street View

Que s'est-il passé à l’Ehpad parisien Alquier-Debrousse, où une résidente est décédée le 12 janvier 2024 ? Une enquête, confiée au commissariat du XXe arrondissement, a été ouverte. Elle fait suite à une plainte contre X, déposée le 22 avril par les fils de la défunte.

Cette plainte vise les chefs d'homicide involontaire, mise en danger de la vie d'autrui et non-assistance à personne en danger. Une autre enquête en "recherche des causes de la mort" est en cours au 2e district de la police judiciaire parisienne.

Un homme"assis sur sa tête"

La victime est une femme atteinte de troubles schizophréniques et "particulièrement vulnérable", d’après la plainte révélée par Le Monde. Elle aurait été agressée par un autre patient le 1er janvier 2024. Un agent de ménage l'a retrouvée couverte de griffures et maintenue au sol par un homme "assis sur sa tête".

Après cette agression, son état s'est dégradé : elle refusait "de s'alimenter, de prendre ses médicaments, de se lever et de communiquer verbalement". Pourtant, l'Ehpad ne la fait consulter par "aucun médecin", s'indignent ses fils. Elle est finalement hospitalisée le 3 janvier. Les médecins lui découvrent alors un "volumineux hématome sous-dural, avec engagement cérébral". Elle décède le 12 janvier. 

"Réponses lacunaires" et "prise en charge catastrophique"

La plainte dénonce une "prise en charge catastrophique" de l'Ehpad et son "manque de transparence", accusant l'établissement de ne pas avoir mentionné l'agression au moment de l'hospitalisation. Les fils de la victime dénoncent également des "réponses lacunaires" de l'Ehpad à leurs questions après le décès. Ils ont notamment découvert après sa mort que leur mère avait déjà été agressée par le même patient en décembre, sans que l'Ehpad ne réagisse en prenant "les précautions nécessaires" à sa sécurité.

"J'espère vraiment que la justice va prendre la mesure de ce dossier” a réagi auprès de l’AFP l’avocat de la famille, Me Fabien Arakelian. “Il est impensable de confier son proche à un tel établissement et de le retrouver mort".

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L’Ehpad public le plus important de Paris

Avec environ 300 résidents, cet Ehpad est le plus important des 15 maisons de retraite médicalisées gérées par la Ville de Paris, sur les quelque 80 que compte la capitale.

Sollicitée par l'AFP, la mairie de Paris a indiqué avoir adressé un signalement à la procureure de la République au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, et avoir "diligenté une enquête administrative" avec l'Agence régionale de santé (ARS), autre autorité de tutelle. 

Quatre dysfonctionnements majeurs

L'enquête a pointé "quatre dysfonctionnements", dont "un défaut de protection des résidents et du personnel vis-à-vis de situations d'agression et de violence non-contenues, une insuffisance en matière de filière psychiatrique et un défaut de signalement des évènements indésirables graves", le terme consacré.

Le Centre d'action sociale de la Ville de Paris (CASVP), gestionnaire de l'Ehpad, et ce dernier "s'emploient à apporter des réponses aux insuffisances constatées" avec "un plan d'action" impliquant notamment le centre médico-psychologique du secteur, indique aussi la mairie. 

Ehpad : quand les infirmières retraitées viennent prêter main forte
Ehpad : quand les infirmières retraitées viennent prêter main forte  —  Le Mag de la Santé - France 5