Non, la chirurgie orthopédique n'est pas réservée aux hommes

Trop petite, pas assez de force... Certains clichés sexistes ont la vie dure en chirurgie orthopédique. Cette spécialité longtemps réservée aux hommes se féminise enfin. Reportage.

Géraldine Zamansky
Rédigé le
Femme et cheffe de service en orthopédie
Femme et cheffe de service en orthopédie  —  Le Mag de la Santé - France 5

Elle a été la première cheffe de service de chirurgie orthopédique de France en 2009, et c’est encore la seule. La Docteure Pomme Jouffroy, chirurgienne orthopédiste, a fait bouger les lignes. Et aujourd’hui, elle est heureuse de constater que 25 % des internes qui ont choisi sa spécialité sont des femmes.

"Qu'est-ce que je vais faire avec une femme ?"

C'est le cas de Sarah, interne à l'hôpital Paris Saint-Joseph."Est-ce qu'on prend la relève, je ne sais pas... mais on l’espère ! Je pense que ça va forcément changer parce que maintenant dans les études de médecine, il y a une majorité de femmes", confie-t-elle.

"J'ai toujours été la première interne de tous mes patrons, ils n’en avaient pas eu avant" raconte la Dre Pomme Jouffroy. "Monsieur Letournel, l'homme qui m'a formée, avait même dit à sa secrétaire « qu’est-ce que je vais faire avec une femme ? » Et sa secrétaire lui avait répondu « la même chose qu'avec les autres ». Dans les salles de staff, au bloc, j'étais la seule femme très longtemps", poursuit-elle.

Adresse et concentration plutôt que force

La chirurgie orthopédique, qui traite les urgences en traumatologie et pose des prothèses articulaires, a longtemps mis à l'écart les vocations féminines, à cause de l’image d’une spécialité exigeant de la force.

"Je m'inscris en faux totalement sur le fait que cette discipline soit physique. C'est une discipline d'adresse et de concentration. Sur les gestes qui sont très physiques, on trouve des alternatives, moi, j'en ai trouvées plein", souffle la Dre Jouffroy.

Transmettre à tous les gestes qui limitent la fatigue

"En effet, dans l'imaginaire collectif, c'est un métier assez physique, mais au quotidien, on trouve des techniques et on s'en sort bien", ajoute Sarah.

D’ailleurs, le Dre Jouffroy a transmis à tous ses élèves, y compris masculins, ses solutions pour éviter les gestes les plus éprouvants. Cela limite la fatigue lorsqu’il faut enchaîner des heures de bloc opératoire.

C’est très rare, mais Sarah a choisi de faire un second stage de six mois ici au lieu de changer d’hôpital. Elle y apprécie l’état d’esprit du service créé par la Dre Jouffroy.

"C'est l'intérêt de notre métier aussi, le contact humain est toujours différent. C'est important, c'est une équipe dans laquelle il y a quelque chose en commun, où il y a le soin, l'attention, qu'on porte aux gens qui est fondamentale", remarque-t-elle. La chirurgienne compte sur l’équipe qu’elle a formée pour faire vivre cet héritage après son départ à la retraite dans quelques mois.